Dahira Mouttahabbiina Fillaahi

Photo 008Les fondements de « l’autorisation spéciale » accordée à Serigne El Hadj Madior Cissé d’appeler les hommes à servir Dieu conformément aux recommandations de l’Islam et aux principes de la voie Tidjaniya.

  1. Historique de la création de la Dahira Mouttahabbina Fillahi de Serigne El Hadj Madior Cissé

Cheikh Al Khalifa Seydi Aboubacar Sy se révéla à Serigne El Hadj Madior Cissé pour la première fois en des circonstances assez extraordinaires. En effet, en 1951, Serigne El Hadj Madior Cissé alors souffrant et alité à l’hôpital de Saint-Louis vit en songe un saint descendant du Prophète (PSL), du nom De Ibrahim Mattbouli. Le Saint homme que Serigne El Hadj Madior Cissé tenait en grande estime pour avoir étudié bon nombre de ses œuvres, était réputé pour ses fréquentes visions du Prophète (PSL). Dans ce songe, le Saint homme l’invitait à venir recevoir ses bénédictions et Serigne El Hadj Madior Cissé se demanda, perplexe, ou pourrait-il rencontrer un homme disparu il y a près de cinq siècles.

Ainsi, sa question demeura sans réponse jusqu’au jour où, peu de temps après sa sortie de l’hôpital, il retrouva une photographie de Cheikh Al Khalifa égaré dans ses documents d’archive. En effet, la vue de cette photographie lui coupa le souffle car à l’exception de la couleur de sa peau, Cheikh Al Khalifa ressemblait en tout point au saint homme qu’il avait vu en songe.

Ainsi, Ce songe exceptionnel par sa portée et son sens profond, lui inspira l’initiative de se rendre auprès de Cheikh Al Khalifa et de lui faire allégeance pour bénéficier de ses grâces et recevoir l’initiation du Vénéré Khalife dans la voie Tidjaniya.

Ainsi, Serigne El Hadj Madior Cissé devint un disciple exemplaire du Khalife et se distingua par son engagement sincère et sans réserve au service de celui-ci et ce exclusivement pour obtenir son agrément et partant l’agrément divin.

Aussi Serigne El Hadj Madior Cissé pénétré de la conviction que Cheikh Al Khalifa en sa qualité d’héritier du Prophète Seydina Mouhamed (PSL) avait en charge la mission de propager le message islamique ainsi que la Tariqa Tidjaniya et comme pris de compassion pour le Khalife devant l’étendue de cette responsabilité, forma-t-il le projet de fonder une dahira suivant en cela les conseils d’un ami bien avisé. Il soumit l’idée à une douzaine d’amis et proches pour les associer à ce projet.

En disciple scrupuleux, il décida de soumettre d’abord l’affaire à Cheikh Al Khalifa pour obtenir son autorisation avant d’y donner suite. Pour ce faire, il se rendit à Tivavouane, présenta le projet au Khalife et le trouva dans les meilleures dispositions. En effet, le Khalife lui accorda par écrit une « autorisation spéciale » en des termes qui non seulement marquait sa totale adhésion au projet mais aussi consacrait l’investiture de Serigne El Hadj Madior Cissé comme son héritier spirituel et le continuateur de son œuvre.

La teneur de cet écrit portant « autorisation spéciale » de créer une dahira décernée par le Vénéré Khalife à Serigne El Hadj Madior Cissé, est présentée ci-dessous :

« O nobles parents et amis de la ville de Saint-Louis, Je vous adresse la présente lettre afin de vous informer que votre Responsable, Serigne El Hadj Madior Cissé, qui jouit de votre entière confiance et que vous avez bien voulu mandater auprès de ma personne ; m’a fait part de votre noble intention de fonder une Dahira.

Ce projet louable, salué par tous les grands esprits, consiste à mettre sur pied conformément aux recommandations du Saint Coran et des Hadith une communauté religieuse fondée sur les principes d’unité et de solidarité ; et qui de ce fait connaîtra le bonheur de vivre dans la paix et la concorde.

Je vous marque par la présente ma totale adhésion à ce projet et vous décerne « l’autorisation spéciale (Iznan Khassan) » de fonder cette dahira que Je dénomme dès aujourd’hui « la dahira Moutahabbiina Fillaahi » : « la communauté de ceux qui s’aiment en Allah» afin que ce nom reflète les principes fondateurs de votre communauté.

J’en appelle à l’infinie grâce d’Allah pour qu’il vous accorde plein succès dans ce projet. Je vous enjoins aussi à croire sans l’ombre d’un doute que Je ne vous oublierai jamais ni dans mes prières ni dans la prise en charge de votre guidée spirituelle tel qu’il m’incombe ès qualité de l’assurer car vous êtes comme ma progéniture, comme ma famille eu égard a nos liens de sang et mieux a la filiation spirituelle qui vous lie à moi.

Et Je vous fais l’heureuse annonce des grâces et bénédictions promises par Allah aux fils vertueux ayant suivi l’exemple de leurs illustres parents dans la voie de la foi tel que le relate le Saint Coran.

Je demande à Allah, dans son infinie bonté, qu’il raffermisse votre foi sincère en sa sainte loi, qu’il vous révèle en tout moment et en tout lieu la voie de la vérité et qu’il vous donne la force de la suivre ; qu’il manifeste aussi à vos yeux la voie des égarés et vous préserve à jamais de la suivre. Je demande aussi à Allah par la grâce de notre Seigneur le Prophète Mouhamed (PSL) qu’il vous préserve de tout ce qui peut altérer votre détermination et produire le doute dans vos cœurs ».

La stature du Khalife, la tonalité de cette « autorisation spéciale », ainsi que la ferveur des prières qui y sont formulées laissent bien transparaître la grandeur des desseins que le Khalife nourrissait pour la dahira fondée avec sa bénédiction en date du 23 Octobre 1953 et placée sous l’autorité de Serigne El Hadj Madior Cissé.

  1. Sur le sens de « l’autorisation spéciale (Iznoul Khass) » d’après les écrits de Cheikh Oumar Al Foutiyou (RTA) (commentaires des dits et écrits de Cheikh Ahmet Tidjane – RTA rassemblés dans le Jawahir al Maani)

Cheikh Ahmet Tidjane (RTA) nous enseigne que les saints sont les héritiers à tous égards du Prophète Mohamed (PSL) et sont à ce titre chargés de perpétuer son œuvre d’éducation spirituelle et de propagation du message islamique à travers le monde. Ainsi, leur rayon d’action dépasse même celui des prophètes ayant précédé le Prophète Mouhamed (PSL) puisqu’ils s’adressent a l’instar du prophète à tous les hommes quelque que soit leur nationalité, leur race et leur ethnie.

Cependant, Cheikh Ahmet Tidjane (RTA) précise que même si tous les hommes de Dieu ont vocation, par autorisation d’ordre général, à prescrire la pratique du bien et à interdire le mal, tous ne sont pas habilités à conduire les hommes sur la voie de Dieu.

En effet, cette distinction est similaire à celle existant entre les prophètes porteurs par décret divin d’un message divin assorti d’une loi réformatrice (Rassoul) et les envoyés (Nabi) qui prêchent le retour à Dieu mais ne sont pas autorisés à léguer à la postérité une loi.

Ainsi, seul le saint à qui le Prophète Mohamed (PSL) confère « l’autorisation spéciale » de mener les hommes à Dieu est habilité à le faire. En effet, Allah (SWT) a envoyé le Prophète Mouhamed (PSL) pour que celui-ci porte son message aux hommes, mais c’est le Prophète qui ensuite choisit ceux qui vont perpétuer le message divin qu’il apporta aux hommes en première instance.

Ainsi tout ce que dit le saint détenteur « d’une autorisation spéciale » lui est dicté par le Prophète Mouhamed (PSL) ; son message pénètre alors nécessairement les cœurs, les remplit de joie et les hommes se montrent obéissants et bien disposés à son endroit.

Selon Ibn Ata Allah (RA), un pieux parmi les anciens, la métaphore des saints investis d’une « autorisation spéciale » est d’une clarté qui frappe les esprits, illumine les cœurs et les remplit de joie. En guise d’illustration, il est de notoriété publique que Cheikh Al Khalifa pouvait tenir en haleine son auditoire durant toute une soirée de Gamou sans que l’on perçoive dans l’assistance un seul signe de lassitude.

A contrario, tout homme qui sans « autorisation spéciale » se mêle d’appeler les hommes à Dieu, ne gagnera jamais leur coeur et n’obtiendra pas leur obéissance. En effet tout se passe comme si Allah manifeste dans le discours de tels hommes des signes qui démontrent qu’ils ne sont pas mandatés par le Prophète Mouhamed (PSL). Et de tels hommes finissent toujours par révéler au grand jour des comportements qui démontrent qu’ils sont mus par la recherche du pouvoir, des biens et du plaisir.

Ainsi, il apparaît que « l’autorisation spéciale » est une faveur faite à l’élite des saints ; il suffit pour s’en convaincre d’examiner l’exemple de Cheikh Ahmet Tidjane (RTA). En effet, Fès (Maroc) comptait parmi les contemporains du Vénéré Cheikh beaucoup de saints hommes, cependant seul Cheikh Ahmet Tidjane a été distingué d’entre ses pairs et choisi par le Prophète Mouhamed (PSL) pour fonder une voie initiatique guidant ses disciples sur la voie de Dieu. Il en va de même pour Seydi Hajj Malick Sy (RTA) qui n’était pas un contemporain de Cheikh Ahmet Tidjane, ne s’est jamais rendu à Fès et n’a pas introduit la tarîqa Tidjaniya au Sénégal, mais qui néanmoins a été un Illustre héritier et continuateur de l’œuvre de Cheikh Ahmet Tidjane.

Ensuite Cheikh Ahmet Tidjane (RTA) nous enseigne qu’Allah (SWT) a instauré une loi naturelle qui est telle qu’aucun homme quelque soit sa piété, le nombre de ses actions de grâce, et l’étendue de son savoir ne sera admis dans la proximité d’Allah (SWT) si Allah dans sa bienveillance ne le place sous la guidée d’un Homme connaissant Allah, sa loi, les secrets de sa religion et ayant une claire conscience de la Souveraineté d’Allah (SWT) sur tout être. Cet Homme, saint détenteur d’une « autorisation spéciale », mettra l’aspirant sur une voie d’ascension spirituelle qui mènera son âme à une claire conscience de l’omnipotence et de l’omniscience d’Allah (SWT). Ainsi, ce guide spirituel fait office d’intermédiaire entre Allah et l’aspirant, non pas au sens littéral qui signifie « trait d’union », mais plutôt en tant que facilitateur car Il se charge d’initier l’aspirant aux règles de bienséance qui feront qu’Allah (SWT) dans sa grâce infinie daignera l’accepter dans sa proximité.

En effet, il n’est donné à aucun serviteur de mériter par son seul effort personnel d’accéder à la proximité d’Allah (SWT), Seul Allah (SWT) dans sa grâce et sa miséricorde infinies peut faire au serviteur la faveur de lui ouvrir la voie menant a Lui et les clés de cette voie Allah (SWT) les a confiées aux saints détenteurs d’une « autorisation spéciale ».

En effet, Allah (SWT) nous dit dans le saint Coran : « J’ai envoyé mon messager pour qu’il vous indique la bonne direction et vous dirige avec une religion de vérité et afin qu’il fasse prévaloir cette religion sur toute autre religion » (Sourate 48, Verset 28).

Cette faveur d’Allah faite au Prophète Mouhamed (PSL), est aussi accordée par la grâce du Prophète à ses héritiers détenteurs d’une autorisation spéciale. Ils sont en effet les seuls autorisés et habilités à guider les hommes sur la voie de Dieu avec des moyens agréés et des arguments décisifs qui sont fondés sur la connaissance d’Allah et des règles de bienséances à adopter avec constance et sincérité pour qui’il daigne se révéler à l’aspirant.

Cheikh Ahmet Tidjane (RTA) poursuit en nous enseignant que tout homme qui se détourne du saint détenteur d’une autorisation spéciale vivant à son époque et se contente pour son éducation spirituelle des dits et écrits des pieux disparus, est assimilable à un égaré. Cet homme est comparable au contemporain d’un prophète qui se détournerait de celui-ci pour se cantonner aux enseignements des prophètes disparus. Cet Homme se perdrait assurément à jamais.

En effet, aucun livre ne suffit à lui seul à assurer l’éducation d’un disciple, il faut nécessairement bénéficier de la guidée d’un Maître agréé qui veille à la bonne compréhension et a la parfaite mise en pratique des préceptes et recommandations divins.

Ainsi, « l’autorisation spéciale (Iznoul Khaas) » se transmet à chaque époque de Maître en Maître selon une chaîne initiatique dont le Prophète Seydina Mohamed (PSL) est garant. Aussi, à chaque époque, chaque musulman se doit-il de rechercher le détenteur de cette « autorisation spéciale » pour bénéficier de sa guidée et de ses grâces.

En effet, l’enseignement de ces saints Hommes n’est qu’une actualisation du message divin éternel apporté par le Prophète Seydina Mouhamed ; et est fondée sur leurs paroles inspirées qui s’impriment profondément dans les cœurs de leurs contemporains et l’exemplarité de leur pratique religieuse et sociale.

  1. Autorisation spéciale décernée à Serigne Madior Cisse Responsable de la dahira Moutahabbina Fillahi par Cheikh Al Khalifa Seydi Aboubacar Sy (RTA)

Cheikh Al Khalifa Seydi Aboubacar Sy comptait de nombreuse Dahiras à Saint Louis avant la création de la dahira « Moutahabbina Fillahi », mais il les plaça toutes sous l’autorité de la dahira « Moutahabbina Fillahi » dès la création de celle-ci comme pour confirmer « l’autorisation spéciale » décernée a Serigne El Hadj Madior Cissé.

Une confirmation se trouve dans l’engagement personnel dont le Khalife fit montre dans l’organisation de la première édition du Gamou-mission de Saint-Louis organisé sous son égide par la dahira « Moutahabbiina Fillaahi » sous la direction de Serigne El Hadj Madior Cissé le 28 Mai 1955.

En effet, le Khalife envoya auprès du Gouverneur General de l’époque ainsi qu’à toutes les grandes notabilités religieuses de Saint-Louis une délégation représentative pour leur annoncer qu’il organisait personnellement un Gamou et requérir leur implication pour la réussite de l’événement.

Ensuite, le Khalife rassembla tous ses disciples à Tivaouane pour leur annoncer le Gamou et les enjoignit de s’y rendre en des termes suffisamment forts et éloquents pour indiquer que son héritage spirituel serait déposé entre les mains de Serigne El Hadj Madior Cisse. En effet, le Khalife leur tint les propos suivants : « Je ne vous envoie pas à un Gamou, Je vous invite plutôt à aller participer à une mission. Et que tout disciple qui ne s’est pas rendu au Gamou de Saint-Louis, manifeste de la pudeur à venir me saluer au lendemain de l’événement »

Ainsi, le Khalife avait clairement indiqué en quelles mains, Il avait placé la charge sacrée et « l’autorisation spéciale » de poursuivre la mission qui lui était dévolue de guider les hommes sur la voie de Dieu.