L’homme et la postérité

Comment l’héritage spirituel et l’enseignement d’El Hadj Madior ont-ils été perpétués après sa mort ? Madior Goumba est mort relativement jeune (45 ans), ne laissant que des enfants en bas âge, dont un seul garçon, Ahmadou, alors âgé seulement de 8 ans. Ainsi seuls ses disciples tels que Cheikhou Ahmadou DIENG, Serigne Khassim Sarr et Aline TINE, ont perpétué son enseignement. Devenu adulte, son fils Ahmadou, dit Goumba (né le 10 juin 1885 et mort le 4 octobre 1957) ira rejoindre Serigne Ahmadou Bamba. Il a lui-même raconté les circonstances de leur rencontre. Quand vint pour Ahmadou l’âge de prendre le « Wird », il a voyagé vers le Baol pour trouver le marabout de Touba. Arrivé à destination (Diourbel), il dut attendre de longs jours chez Amadou DIOP Dagana avant de voir le Saint-homme. Quand il vit Serigne Bamba. Il lui dit « Ahmadou CISSE : Je t’élève au rang de Cheikh. Tu peux partir maintenant ».

Ahmadou CISSE revint à Saint-Louis où il mena une existence austère, dévote et discrète, avec la réputation de l’homme qui ne parle à personne mais à Dieu, toujours seul avec son chapelet.

Quant à son petit-fils Serigne El Hadj Madior CISSE, il perpétua le souvenir de l’oeuvre de son grand-père présidant le Gamou Familial où il commentait les poèmes de Madior Goumba CISSE.

Qu’est-ce-que la postérité peut retenir de lui ?

A côté du Gamou Familial, précurseur de nombre de Gamous, la postérité retiendra de Madior CISSE ses poèmes et écrits juridiques. Il se distingua aussi dans un genre littéraire particulier : la rédaction de poèmes écrits en partie en wolof, et en partie en arabe (ex : poèmes échangés avec Khali Madiakhaté Kala).

On retiendra également son apport à l’enseignement de la rhétorique arabe dans le pays. En effet, son poème appelé en wolof Badiyou, dérivé de l’arabe ‘ilmoul badic (…) utilise toutes les règles de la rhétorique. Il devint d’ailleurs par la suite l’ouvrage d’enseignement de la rhétorique dans le pays.

Son poème appelé Ba iya, moins connu, est considéré par le savant mauritanien Chérif Abdourahman Ed Dawâli, comme étant d’une valeur littéraire inestimable.
Cet intellectuel a écrit un commentaire dudit poème, qui a été unanimement salué par l’élite islamique mauritanienne.