La condition des femmes en cas de menstrues ou de lochies (règles et accouchement)

Dans ce chapitre, il est question d’étudier un aspect particulier de la dimension physique de la purification en l’occurence la condition des femmes en cas de menstrues ou de lochies (règles et accouchement) . L’écoulement du sang menstruel ou à la suite de couches met la femme dans une situation d’impureté l’obligeant à se purifier en accomplissant le bain rituel après son retour à l’état de pureté. Il importe alors pour son conjoint de connaître :

    • la durée de cet état d’impureté et les cas d’interruption pouvant l’affecter;
    • les interdictions qu’entraîne pour la femme l’impureté du fait des règles ou des lochies;
    • les permissions faites aux femmes en état de menstrues ou de lochies;
  • les conditions de retour à l’état de pureté.

SIGNIFICATION, DUREE, INTERRUPTION

Les menstrues ou règles (mbeureuk en wolof) sont le sang et de même liquide jaune ou trouble, qui s’écoule de lui-même, par devant chez celle qui, en raison de son âge, peut devenir enceinte à l’ordinaire.

Chaque femme a ses règles pendant plusieurs années de sa vie. La première menstruation a lieu vers l’age de 14 ans (parfois avant) et la ménopause (arrêt des règles) vers la cinquantaine. Chaque femme a un cycle propre; le premier jour de la menstruation correspond au premier jour d’un nouveau cycle. Il peut s’écouler de 24 à 32 jours entre deux menstruations, à compter du premier jour d’une menstruation jusqu’a la suivante. Le cycle est considéré comme régulier lorsque la période considérée est fixe, en revanche comme irrégulier lorsque la période entre les deux est variable. La perte de sang (ou écoulement) ne dure pas le même temps chez toutes les femmes.

1 – Pour la femme normalement réglée, cela peut durer de trois ou quatre jours à six ou sept jours. Pour savoir quand est – ce au – dela du délai le plus long, habituel pour elle, sans jamais dépasser le délai maximum de quinze jours. Par exemple, si le délai habituel est de cinq jours, au bout de huit jours, il ne peut plus s’agir, rituellement de règles mais de pertes.

2 – S’agissant d’une débutante (celle qui voit ses règles pour la première fois), la durée la plus longue est un demi-mois comme est donc la durée minimum de l’état de pureté.

3 – Pour la femme enceinte, le délai durant lequel l’écoulement est tenu pour menstrues est variable : après le troisième mois de grossesse, il est d’un demi mois et un peu plus (soit cinq jours donc au maximum vingt jours); dans le sixième mois et au delà, il est de vingt jours et un peu plus (soit dix jours, donc trente au maximum). Dans ces cas, il s’agit selon les médecins de situations anormales de perte de sang pouvant révéler notamment une grossesse extra-utérine, une menace d’avortement (fausse couche) ou une blessure ou ulcère du vagin etc.

Par ailleurs, si la femme éprouve une sensation de retour à l’état de pureté et qu’après, elle constate un nouveau flux sanguin, elle additionne les jours d’écoulement sanguin en tenant compte de la spécificité de son cas (normalement réglée, débutante, enceinte). Si ensuite le flux ne cesse pas au delà de la durée habituelle la concernant, la femme est supposée avoir seulement des pertes de sang et non des règles. Elle accomplira alors le bain rituel à chaque arrêt de flux et pourra jeuner, prier et coïter etc.

4 – Il y a également la situation de la femme dont l’écoulement est permanent (moustahadha).Les solutions ont été fournies sur la base de hadiths du Prophète (PSL) donnés en réponse aux interrogations des femmes.
Trois situations peuvent être distinguées :

  • Si avant de vivre cette anomalie, elle connaissait ses périodes de règles, elle continuera à les respecter à chaque cycle et après s’être lavée, priera, jeunera, et coïtera même si l’écoulement continue.
    En revanche, si elle a oublié ses périodes et si elle a un cycle irrégulier, elle se fondera sur le changement de la couleur du sang : si le sang est noir, ce sont les règles ; s’il est rouge, ce sont les pertes sanguines. Ainsi, elle s’abstiendra durant la première période (sang noir) sans dépasser un maximum de quinze jours et elle considérera la seconde période (sang rouge) comme la période de pureté.
  • Au cas où elle ne parviendrait pas à différencier la couleur du sang, elle s’abstiendra pour chaque mois le délai habituel (6-7 jours) et se considérera pure pour le reste.
  • La femme dont l’écoulement est continu doit, durant ses périodes de pureté, accomplir ses ablutions à chaque prière, mettre un tampon et prier alors même que le sang continue de couler en abondance. Elle ne doit coïter qu’en cas de necessité.
  • Les lochies sont le flux sanguin qui s’écoule du fait de l’accouchement encore que ce fût durant le délai qui sépare les naissances gémellaires (de jumeaux). Leur délai maximum est de soixante jours tandis que la moyenne est de quarante jours. Om Salam (Qu’Allah l’agrée) a dit : « j’ai demandé au Prophète (PSL) combien de temps une femme reste après son accouchement ? Et il a répondu : quarante jours a moins qu’elle ne revienne à l’état de pureté avant ce délai » (Rapporté pa Hakim). Une fois redevenue pure , la femme peut jeuner, prier et coïter. Cependant au cas où elle redevient pure avant ce délai de quarante jours, le coït est jugé répréhensible de crainte qu’il ne lui cause préjudice. Les premières règles qui apparaissent après l’accouchement (le retour des couches) sont un peu plus abondantes et plus longues que les règles normales.
    Il importe de remarquer que les lochies obéïssent au même régime que les menstrues en matière d’interruption, de reprise, d’interdictions et de permissions qu’elles entraînent.

Les interdictions faites aux femmes en cas de règles ou de lochies

Ici sont développées les actions qui sont interdites à la femme en cas de règles ou de lochies. Les menstrues comme les lochies mettent obstacle à la validité :

  1. de la prière et du jeûne, et ce en supprimant l’obligation de les faire. Selon le prophète (PSL), « n’est-il pas établi que la femme menstruante ne prie ni ne jeûne ! » (rapporté par Boukhari). Toutefois, il importe de préciser que la femme une fois revenue à l’état de pureté doit rattraper le jeûne et non les prières. Selon Aïcha (qu’Allah l’agrée) « Quand on voyait nos menstrues du temps du prophète (psl) on nous ordonnait de rattraper le jeûne et on ne nous ordonnait pas de rattraper les prières » (rapporté par Boukhari) ;
  2. du talaq (divorce) : il est en effet religieusement interdit de divorcer d’une femme alors qu’elle est en état de régles ou de lochies. Il faut attendre son retour à l’état de pureté et avant toute copulation pour pouvoir divorcer d’avec elle. Boukhari a rapporté un hadith selon lequel «  Ibn Omar (qu’Allah l’agrée) a divorcé d’avec son épouse alors qu’elle était menstruante et le Prophète (PSL) lui ordonna de la reprendre et de la garder jusqu’à son retour à l’état de pureté ». Mais selon les jurisconsultes, le divorce prononcé durant cet état, même s’il est interdit religieusement, n’en demeure pas moins effectif au plan juridique ;
  3. du calcul du délai de viduité (idda) : si jamais la femme est divorcée alors qu’elle était en état de règles ou lochies, on attend qu’elle revienne à l’état de pureté pour procéder au calcul du délai ;
  4. du coït vaginal ou aux contacts voluptueux sous le vêtement de la menstruante (du nombril aux genoux) encore que ce fut après des soins de propreté ou de lustration pulvérale (tiime) conformément aux prescriptions du Coran : « ne les approchez que quand elles sont pures. Quand elles se sont purifiées, alors cohabitez avec elles suivant les prescriptions d’Allah car Allah aime ceux qui se repentent, Il aime ceux qui se purifient » (Sourate Al-Baqarah, verset 222) ;
  5. de l’entrée à la mosquée, donc à l’ihtikâf (retraite de dévotion dans la mosquée). Le Prophète (PSL) a dit : « je n’autorise pas la mosquée à la personne en état de menstrues ou de djanâba (état d’impureté majeure rendant obligatoire le bain rituel) » (Rapporté par Abou Daoud) ;
  6. l’accomplissement de la tournée autour de la Kaaba (tawaaf) ;
  7. du contact du Coran ou à sa récitation : « la personne en état de menstrues ou de djanâba (état d’impureté majeure rendant obligatoire le bain rituel) n’est autorisée à rien lire du Coran » (Rapporté par Abou Daoud). Il est toutefois toléré de réciter des versets comme « ayatoul koursiyou ou lakhad djaakoum » pour chercher refuge auprès du Seigneur.

Les permissions faites aux femmes en état de menstrues ou de lochies

Les actes ci-après sont permis aux femmes malgré le fait qu’elles se trouvent en état d’impureté en raison de menstrues ou de lochies :

  • les contacts voluptueux avec leur conjoint à l’exclusion du coït vaginal ou des contacts sous le vêtement de la menstruante (du nombril aux genoux) conformément au hadith du Prophète (PSL) qui, évoquant cette situation, a dit : « Faites tout (avec la menstruante) sauf la copulation » ;
  • l’invocation du nom d’Allah (zikr) sauf pour les cas expressément interdits ;
  • concernant le pélerinage, l’entrée en état de sacralisation (ihram), le stationnement à Arafat et l’ensemble des actes rituels du pélerinage (hajj et omra) sauf la tournée autour de la Kaaba (tawaaf) qui elle, n’est autorisée qu’après le retour à l’état de pureté conformément au hadith du Prophète (PSL) s’adressant à son illustre épouse Aïcha (qu’Allah l’agrée) dans cette situation : « Fais tout ce qu’un pèlerin fait saut la tournée autour de la Kaaba (tawaaf) avant que tu ne te sois purifiée » (Reconnu authentique par consensus) ;
  • manger et boire en compagnie : Aïcha (qu’Allah l’agrée) a raconté : « Je buvais alors que j’avais mes menstrues et après je donnais le même récipient au Prophète (PSL) et il buvait en posant ses lèvres au même endroit où j’avais posé les miennes » (Rapporté par Mouslim). Abdallah Ibn Massoud (qu’Allah l’agrée) a quand à lui, dit : « J’ai interrogé le Prophète (PSL) sur la possibilité de manger en compagnie d’une menstruante et il m’a répondu : mange en sa compagnie » (Rapporté par Ahmad et Tirmizî).

Retour à l’état de pureté

L’état de pureté débute avec la fin des règles ou de lochies. Celle-ci peut se manifester de deux manières :

  • soit par la sécheresse d’un tampon qu’on retire, sans trace du vagin,
  • soit par un écoulement de couleur blanchâtre semblable au gypse, et ceci est plus sûr comme signe de fin de règle pour la femme qui a un cycle menstruel régulier. Et elle en attendra la manifestation jusqu’à la fin du moment d’élection préférable (moukhtâr) d’une prière pour accomplir celle-ci. Quand à la débutante, il y a hésitation au sujet de l’indice de fin de règle le plus sûr.

Il est cependant à remarquer que la femme qui a ses règles n’a pas l’obligation de vérifier son état de pureté éventuel avant l’aube, mais elle doit le faire avant de se coucher et lors de la prière du matin et des prières suivantes. Ceci lui permet de savoir exactement l’heure à laquelle les prières redeviennent pour elle obligatoires.

A partir de la manifestation de la pureté, la femme accomplira son bain rituel (ghousl) après quoi l’ensemble des interdictions ci-dessus mentionnées est levé.

Extraits traduits des enseignements en arabe et en wolof, sur l’islam et la tariqa tidjaniya, du guide spirituel Serigne El Hadj Madior CISSE, responsable de la dahira Moutahabina Fillahi et disciple de Khalifa Ababacar SY (RTA).