Le salut islamique : Clef d’entrée dans l’instance de la paix ou les dimensions islamiques du salut

Le message islamique est un message de paix par essence et par excellence. L’instance de la paix ou hadratou salam correspond à la période d’entre deux prières obligatoires c’est-à-dire qu’elle s’étend du prononcé de la formule finale de la prière « assalamou alaïkoum » jusqu’au début de la prière obligatoire suivante. L’être humain vit la majeure partie de son temps dans cette instance : s’il n’est pas en prière, il vit ou le salut islamique (Paix ou Salut sur vous) est par conséquent la clef d’entrée dans cette instance de la prière qu’elle clôt et l’instance de la paix qu’elle ouvre.
L’Islam accorde une importance de premier ordre au salut comme en témoignent ces versets du Saint Coran : « O vous qui croyez ! N’entrez pas dans des maisons autres que les vôtres avant de demander la permission (d’une façon délicate) et de saluer leurs habitants. Cela est meilleur pour vous. Peut-être vous souvenez-vous. « (Sourate An-Nour, verset 27) ; « Quand donc vous entrez dans des maisons, adressez-vous mutuellement des salutations venant d’Allah, bénieset agréables » (Sourate An-Nour, verset 61) ; « Si on vous fait une salutation, saluez d’une façon meilleure ; ou bien rendez-la (simplement) » (Sourate An-Nissâ, verset 86) ; « quand ils entrèrent chez lui et dirent : Paix !, il leur dit : Paix, visiteurs inconnus » (Sourate Ad-Dhâriyât, verset 25) ; « Leur salutation le jour où ils Le rencontreront sera : Salam (paix) «  (Sourate Al ahzâb, verset 44) ; « Et ceux qui avaient craint leur Seigneur seront conduit par groupe au Paradis. Puis quand ils y parviendront et que ses portes s’ouvriront, ses gardiens leur diront : Salut à vous ! Vous avez été bons : entrez donc, pour y demeurer éternellement » (Sourate Az-zoumar, verset 73).
Dans ces dimensions islamiques, le salut est un acte de foi et d’adoration (I) soumis a une discipline (II).

I- LE SALUT ISLAMIQUE EST UN ACTE DE FOI ET D’ADORATION

Plus qu’un règle de savoir-vivre, le salut islamique est un acte de foi, d’adoration et en tant que tel, fait l’objet de récompense de la part du seigneur au même titre que les autres actes de dévotion. Dans un hadith rapporté par Abdallah Ibn Omr Al Ace (qu’Allah l’agrée), « quelqu’un a demandé au Messager d’Allah(PSL): quelle est la conduite islamique la mieux récompensée ? Il lui répondit: « Tu donnes la nourriture en charité et tu adresses des salutations à ceux que tu ne connais pas « (Reconnu authentique par consensus). Dans le même ordre d’idées, le Prophète (PSL) a ainsi exhorté : « O les gens ! Adressez les salutations, donner la nourriture en aumône, raffermissez les liens de parenté, priez alors que les gens dorment, vous entrerez au Paradis en paix ». Omar Ibn Haçine (qu’Allah l’agrée) a également rapporté ce hadith : « un homme est venu au Prophète (PSL) et a dit: Assalamou alaïkoum (paix sur vous). Le Prophète (PSL) lui répondit, l’homme s’assit et il lui dit : Assalamou alaïkoum wa rahmatoullahi (Paix et miséricorde divines sur vous). Le Prophète (PSL) lui répondit, l’homme s’assit et il lui dit :vingt ; une autre personne entra et dit : assalamou alaïkoum wa rahmatoullahi wa barakâtouhou (Paix, miséricorde et bénédiction divines sur vous). Le Prophète (PSL) lui répondit, l’homme s’assit et il lui dit : trente ». (Abou Daoud et Tirmizi). De ce hadith, on comprend que chaque composante du salut équivaut à dix bonnes actions à l’actif de celui qui adresse le salut et à l’actif de
celui qui lui répond.

En tant qu’acte de foi et d’adoration, saluer en Islam a une triple signification :

1. Saluer en Islam, c’est se souvenir d’Allah

Pratiquer le zikr ou se souvenir d’Allah est une obligation qui pèse sur tout croyant. Il est ainsi révélé dans le Saint Coran : « O vous qui croyez ! Evoquez Allah d’une façon abondante » (Sourate Al-ahzâb, verset41). Il est admis que le fait de se souvenir d’Allah dans les lieux d’oubli, d’inattention ou de distraction (comme les marchés, les places publiques) est fortement récompensé. A titre d’illustration, ce hadith rapporté par Tofaïl Ibn Obay Kahb (Qu’Allah l’agrée) qui accompagnait Abdallah Ibn Omar au marché. A notre arrivée au marché, Abdallah ne passait devant personne, petits ou grands marchands, pauvres sans le saluer. Tofaïl dit : je viens un jour à Abdallah et il m’accompagna au marché et je lui dis : que fais-tu au marché alors que tu n’achètes pas, tu ne marchandes pas et tu ne t’assieds pas sur les places du marché? Je lui dis : assieds-toi qu’on cause ! Et il dit : Eh ventru ! (Tofaïl était ventru) on va au marché pour le salut ; on adresse des salutayions aux personnes qu’on y rencontre ». Ainsi le vertueux Abdallah Ibn Omar (qu’Allah l’agrée) se rendait au marché rien que pour se souvenir d’Allah dans ce lieu où les gens ont tendance à l’oublier mais également pour inciter les gens à se souvenir du Seigneur en répondant aux salutations.

2. Saluer en Islam, c’est stimuler et renforcer la concorde

En réalité, le fait d’adresser le salut est une des sept vertus islamiques dont la finalité est la promotion de la concorde, de l’amour et de la solidarité entre les musulmans. Barâ Ibn Azeb (qu’Allah l’agrée) a raconté que le Prophète (PSL) leur a recommandé sept choses : « rendre visite au malade, accompagner un cortège funèbre, étancher la soif de l’assoiffé, secourir le faible, soutenir la victime d’une injustice, répandre le salut et honorer le serment »(Hadith réputé authentique par consensus).
Un autre hadith vient confirmer cette place réservée au salut dans le système des valeurs islamiques : « vous n’entrerez au Paradis que si vous croyez ! Et vous ne croirez que si vous vous aimez ! Ne vous indiquerai-je pas l’action à accomplir si vous vous voulez faire régnez l’amour entre vous : répandez le salut parmi vous « (Mouslim). L’Islam a ainsi fait du salut la clé du rapprochement entre les hommes et un instrument de progrès social car les sociétés prospères sont indubitablement des sociétés de paix et de concorde.

3. Saluer en Islam, c’est prier et oeuvrer pour la paix

La prière (çalaft ou diouli) s’achève par l’entrée dans l’instance de la Paix et la formule est expressive : en y préparant  son entrée, le musulman rend grâces à Allah parce qu’il sait que toutes « les salutations, les plus belles, les plus douces, les meilleures ainsi que tous les louanges ne sont dignes que de Lui ». Et puis, il invoque la paix, la miséricorde et les grâces divines sur le Messager d’Allah présent dans sa prière (comme en atteste le style : Salut à Toi, O le Prophète !) et renouvelle sa profession de foi, invoque la paix sur le monde qui l’entoure et finit sa prière en disant à haute voix que la Paix soit sur vous !

Pour l’Imam Khirchî, c’est comme s’il disait : « je suis votre frère en Dieu ; je n’ai qu’amour pour vous ; j’entends vous être utile et vous n’avez rien  à craindre de moi ». Ce n’est pas là un message que le musulman adresse uniquement à son voisin de prière ou à sa propre personne mais il l’adresse également à tous les musulmans de la race des hommes et des djinns particulièrement et à toutes les créatures d’Allah d’une manière générale.

« Puis, dit le  Coran, quand la prière (salat) est achevée, dispersez-vous sur terre, et recherchez (quelque effet) de la grâce d’Allah, et invoquez beaucoup le nom d’Allah afin que vous réussissiez » (Sourate al joumha, verset 10). Telle est la prescription d’Allah pour qui veut vivre conformément à Ses Directives dans l’instance de la Paix. Le (ou la) musulman(e) devra ainsi se conformer aux prescriptions divines dans ses relations avec soi-même, son conjoint, ses enfants ses parents, ses proches, ses voisins, ses frères et ses soeurs de religion, ses frères et soeurs de la famille humaine et  avec l’ensemble des créatures de la faune et de la flore.

II- LE SALUT ISLAMIQUE EST SOUMIS A UNE DISCIPLINE

Le salut islamique ainsi entendu obéit à des régles de discipline précisées par le Coran et la Sunna. Ces régles concernent principalement les modalités du salut (comment saluer ?), le sujet du salut (qui saluer ou ne pas saluer ?) et le contexte du salut (où et quand saluer ou ne pas saluer ?)

1. La modalité du salut (comment)

Savoir comment saluer, c’est connaître la formule et l’expression du salut. Concernant la formule, nous avons vu qu’elle avait une origine sacrée et qu’elle datait de l’origine de l’humanité. Celui qui adresse le salut dit : Assalamou alaïkoum (Paix sur vous) et celui qui répond dit : wa alaïkoum assalam. Dans le hadith rapporté plus haut, nous avons également appris que la récompense attaché au salut est fonction de la formule. On peut donc, pour plus de récompense, saluer en disant : assalamou alaïkoum wa  rahmatoulahi wa barakâtouhou (paix, miséricorde et bénédiction divines sur vous). Et celui qui répond dira : wa alaïkoumou assalam wa rahmatoulahi wa barakâtouhou selon le cas.

La réponse au salut est obligatoire et celui qui répond se doit de rendre un salut équivalent ou un salut meilleur en utilisant les formules ci-dessus comme le prescrit le verset : « si on vous fait une salutation, saluez d’une façon meilleure ; ou bien rendez-la (simplement) » (sourate An-nissâ, verset 86).
Aïcha (qu'(Allah l’agrée) a confirmé le caractère obligatoire de la réponse au salut dans un hadith reconnu authentique par consensus : »Le Prophète (PSL) m’a dit : voilà l’Archange Jibril qui t’adresse le salut et j’ai dit : wa alaïkouhi assalam wa rahmatoulahi wa barakâtouhou (Paix, miséricorde et bénédiction divines sur Lui) ».

Il est important de préciser que la formule de réponse (alaïka salam) ne peut pas être utilisée pour adresser le salut. Dans un hadith rapporté par Joray Hojaïmi (qu’Allah l’agrée) qui dit : « je suis venu au Prophète (PSL) et je lui ai dit : alaïka salam , c’est le salut des morts ; si un musulman rencontre son frère, il lui dit assalamou alaïkoum wa rahmatoulah ! « (Tirmizi).

Concernant l’expression, le salut doit être exprimé en une voix suffisamment audible pour le destinataire ou certains destinataires s’ils sont plus d’un. Le salut comme la réponse au salut étant une obligation de solidarité (fardou kifâya), le Prophète a dit : « pour un groupe assis, la réponse d’un seul suffit » c’est-à-dire libère les autresde l’obligation. Toutefois, il faudra veiller, selon la sunna, à ne pas perturber le sommeil de ceux qui dorment en compagnie du ou des destinataires du salut. Dans un hadith rapporté par Mouslim, Moqdad a raconté : « nous apportions du lait au Prophète (PSL) et le porteur l’amenait la nuit et saluait de manière à se faire entendre de ceux qui sont en éveil  sans réveiller ceux qui dorment « . En tout état de cause, il est interdit d’exagérer dans l’élévation de la voix pour adresser le salut.

2. Le sujet du salut (qui)

Le salut islamique n’est utilisé qu’entre musulmans à l’exclusion des gens qui ne partagent pas la même confession. Mouslim a rapporté que « lorsque le Prophète (PSL) fut interrogé sur la manière de répondre aux gens du Livre (juifs et chrétiens) qui adresssaient le salut islamique aux musulmanq, il a dit : dites-leur: wa alaïkoum (Soit sur vous !) ». Sur cette base, l’Imam Nawawi estime qu’il est prohibé pour le musulman de prendre l’initiative d’adresser le salut islamique aux non musulmans sauf en cas de nécessité comme par exemple par crainte de représailles. De même , il est interdit d’adresserle salut à certaines catégories de personnes comme les ivrognes, les pervers, les hérétiques ou les mécréants. Dans un hadith rapporté par Boukhari, le Prophète (PSL) a dit : « n’adressez pas le salut aux ivrognes, ne leur rendez pas visite en cas de maladie et ne priez pas sur eux en cas de décés ».

Par ailleurs, il est recommandé de saluer les enfants doués de discernement (à partir de sept ans environ) en vue de les initier aux valeurs islamiques. Anas Ibn Malik (qu’Allah l’agrée) est passé devant des enfants et les a salués et a dit que tel était la pratique du Prophète  (PSL).

En outre, il est permis à l’homme de saluer une femme qui lui est étrangère et à la femme de saluer un homme qui lui est étranger à condition de ne pas craindre de fitna (ici dérapages). Dans un hadith rapporté par Abou daoud et Tirmizi,
Asma bint Yazid (qu’Allah l’agrée) a raconté que le prophète (PSL) est passé devant un groupe de femmes et les a saluées.

Enfin en matière de préséance, le Prophète (PSL) a dit dans un hadith relaté par Abou Houraïra : « il appartient à celui qui est sur sa monture d’adresser le salut à celui qui marche à pied, celui qui marche à pied à celui qui est assis , celui qui a le moins à celui qui a le plus ». Quand il lui fut demandé : « si deux personnes se rencontrent, qui adresse le salut en premier? Il a répondu : « le plus proche d’Allah » (Rapporté par Tirmizi). Et il en a donné la signification : «  le plus proche d’Allah est celui qui adresse le salut en premier » (Abou Daoud).

3. Le contexte du salut (où et quand)

En principe, le salut peut être adressé à tout moment et en tout lieu. C’est ainsi qu’il est recommandé à celui qui entre dans une maison de saluer qu’il ait ou non trouvé une personne dans la maison en vertu du verset selon lequel :« quand donc vous entrez dans une maisons, adressez-vous mutuellement des salutations venant d’Allah, bénies et agréables »(Sourate An-nour, verset 61).
Au cas où personne ne se trouve dans la maison, la formule sera la suivante : « Assalamou alaïna wa ala ibadil lâhi çâlihîna » (Paix sur nous et sur les serviteurs vertueux d’Allah). Dans un hadith rapporté par Tirmizî, le Prophète a dit : «  mon enfant ! Si tu entres dans la maison, adresse le salut, ce sera une bénédiction (baraka) pour toi et ta famille ».

Toutefois, des aménagements sont prévus. Ainsi, « le salut avant la parole », (Tirmizî) est l’ordre donné par le Prophète  (PSL) car selon lui, le salut traduit la sécurité et la parole ne doit pas intervenir qu’une fois la sécurité assurée.

Egalement, il est réprouvé d’adresser le salut à une personne qui n’est  pas  en mesure de répondre au salut comme celui qui est occupé par sa prière, ses ablutions, ses dévotions en général (lecture du Coran, zikr etc.), son travail ou dans les toilettes. Ibn Omar a raconté que le Prophète (PSL) n’a pas répondu à celui qui lui adressait le salut alors qu’il était dans les toilettes. (Tirmizî et Abou Daoud).

Le Prophète (PSL) a enfin enseigné : « que le dernier parmi vous à quitter une assemblée adresse le salut ; et s’il voudra se lever pour partir, qu’il adresseégalement le salut ; le premier salut ne prime pas sur le second » (Tirmizî et Abou Daoud). Selon le commentateur Tayyibî, le premier salut indique sa délivrance de leur présence et le second, sa délivrance de leur absence et par conséquent le premier salut n’est pas plus important que le second.

Que la paix, la miséricorde et la bénédiction d’Allah soit sur vous !

Extraits traduits des enseignements en arabe et en wolof, sur l’islam et la tariqa tidjaniya, du guide spirituel Serigne El Hadj Madior CISSE, responsable de la dahira Moutahabina Fillahi et disciple de Khalifa Ababacar SY (RTA).