REGLES GENERALES SUR LA PRIERE

I – Signification et dimension de la prière en ISLAM
II – Les catégories de base des prières
III – Les conditions du caractère obligatoire de la prière
IV – Les conditions préalables à la validité de la prière

I – Signification et dimension de la prière en ISLAM

La prière (salaat en arabe ou djouli en wolof)) est le pilier de la religion musulmane. A ce titre, selon un hadith du prophète (PSL) : « La prière est la première chose qui fera l’objet de règlement le jour de la Résurrection ; lorsqu’elle est bonne, tout devient bon et lorsqu’elle s’abîme, tout s’effondre». Elle a été rendue obligatoire à l’occasion de l’Ascension Nocturne du Prophète (PSL), un an et demi avant l’Hegire. La prière est lumière : elle illumine le coeur, le visage et le corps du musulman. Elle a cette vertu puissante d’atténuer les passions et de maîtriser les mauvais instincts. « En vérité, la prière préserve de la turpitude et du blâmable » (Sourate Al-Ankabout, l’Araignée, verset 45).

Par la prière, le musulman revient à Allah et se conforme à Ses prescriptions : « Certes, c’est Moi Allah ; point de divinité que Moi, Adore-Moi donc et accomplis la prière pour te souvenir de Moi » (Sourate Tâ -Hâ, verset 14). Par la prière, il apprend la maîtrise du temps et découvre que « le soleil et la lune (évoluent) selon un calcul minutieux » (Sourate Ar-Rahman, verset 5) en répondant à l’appel du Meilleur des Créateurs : « Et accomplis la prière aux deux extrémités du jour et à certaines heures de la nuit » (Sourate Al-Isrâ, verset 78) ; «Accomplis la prière au crépuscule jusqu’à l’obscurité de la nuit» (Sourate Houd, verset 114).

Par la prière dirigée vers un même centre, la Maison d’Allah, il participe plusieurs fois quotidiennement à la réalisation et à l’expression de l’Unité de la Umma. C’est l’image d’un pacte spirituel que le serviteur renouvelle plusieurs fois dans la journée vis-à-vis de son Seigneur. C’est le principal critère de différenciation entre le musulman et le non musulman.

Par le prononcé du nom d’Allah « Le Plus Grand » en tout, partout, depuis toujours et le geste qui l’accompagne, il renonce à tout ce qui est susceptible de l’éloigner de son Seigneur. Et dans le même temps, il pénétre dans l’instance sacrée et sacralisante de la Prière pour devenir le réceptacle des Grâces et des Lumières du Seigneur.

Par le rituel de la prière, il entre en communion avec Allah et réalise son ascension vers Lui ; il chante les louanges de son Créateur et se rappelle sa condition humaine. Chaque geste l’élève et le rapproche de son Seigneur. Toutes les positions qu’il adopte durant la prière (assise, debout, génuflexion, prosternation) marquent une étape de son ascension et constituent la synthèse des différentes positions d’adoration des anges.

Cette prière s’achève par l’entrée dans l’instance de la Paix et la formule est expressive : en y préparant son entrée, il rend grâceà Allah parce qu’il sait que toutes « les salutations, les plus belles, les douces, les meilleures ainsi que toutes les louanges ne sont dignes que pour Lui ». Et puis, il invoque la paix, la miséricorde et les grâces divines sur le Messager d’Allah (PSL) présent dans sa prière (comme en atteste le style direct utilisé dans la formule : « Salut à Toi, Ô le Prophète… » utilisé dans la formule du tachahoud ou taaya) et renouvelle sa profession de foi, invoque la paix sur le monde qui l’entoure et finit sa prière en disant à haute voix : que la Paix soit sur vous ! Pour l’Imam Khirchî, c’est comme s’il disait : « je suis votre frère en Dieu ; je n’ai qu’amour pour vous ; j’entends vous être utile et vous n’avez rien à craindre de moi ». Ce n’est pas là un message que le musulman adresse uniquement à son voisin de prière ou à sa propre personne mais il l’adresse également à tous les musulmans de la race des hommes et des djinns particulièrement et à toutes les créatures d’Allah d’une manière générale.

Nous allons détailler les considérations générales sur :

  1. Les catégories de base des prières dans lesquelles seront rangées les différentes formes de prières (II)
  2. Les conditions du caractère obligatoire de la prière (III)
  3. Les conditions préalables à la validité de la prière (IV).

II – Les catégories de base des prières

Les prières sont de trois sortes : obligatoires (farata), sunna et surérogatoires. Les prières fardh ou obligatoires sont essentiellement les cinq prières rituelles : soubh (souba), dhohr (tisbar), asr (takusaan), maghrib (timis) et ichâ (gué) auxquelles il faut ajouter la prière du vendredi. Toutes ces prières sont obligatoires pour chaque individu (fardhou aïn). Il existe une autre forme de prière obligatoire pour la communauté musulmane en ce sens que lorsqu’une partie des musulmans l’accomplit, elle cesse d’être obligatoire pour les autres. C’est l’obligation de solidarité ou fardhou kifaaya. On cite en exemple la prière funèbre. Dans un hadith rapporté par Ahmad, le Prophète (PSL) a dit : « Allah a prescrit à ses Serviteurs cinq prières. Quiconque les aura accomplies sans négligence en considération de leur valeur, il aura d’Allah l’engagement qu’il le fasse entrer au Paradis ; si en revanche, il ne les aura pas accomplies, il n’aura aucun engagement de la part d’Allah, s’Il veut, Il le châtie, s’Il veut, Il lui pardonne ».

Les prières sounna sont, elles aussi, de deux sortes :

  • d’une part, les prières sounna confirmées (mouakkadah) comme la prière du witr, les rakas de fadjar, les prières des deux fêtes, la prière de l’éclipse et la prière en guise de salutation de la mosquée (tahiyatoul masdjid), les deux rakas après l’ablution, la prière après le lever du soleil (yor-yor), les prières qui accompagnent les prières obligatoires (avant et après), la prière nocturne, la « prière avec repos » (taraawikh) à l’occasion du ramadan.
  • d’autre part, les prières surérogatoires (nafila) : ce sont toutes les prières qui ne rentrent pas dans une des catégories précédentes (farata ou sounnas) et qui sont accomplies le jour ou la nuit.

III – Les conditions du caractère obligatoire de la prière

Pour que la prière soit considérée comme obligatoire, il faut la réunion de cinq conditions : les quatre sont communes à l’homme et à la femme tandis que la cinquième est propre à la femme :

  1. L’Islam : la prière est obligatoire pour les musulmans à l’exclusion des non musulmans. Elle intervient après le prononcé de la profession de foi comme en atteste ce hadith du Prophète en guise de leçon donné à son compagnon Mouaz dans ses relations avec les infidèles : «Prêche-les jusqu’à ce qu’ils témoignent qu’il n’y a pas d’autre divinité en dehors d’Allah et que le Prophète Mouhammad est Son Messager (PSL), s’ils t’obéissent en cela, informe-les qu’Allah leur a prescrit cinq prières quotidiennement » (Boukhari).
  2. La raison : la prière n’est obligatoire que pour les individus doués de raison. Par conséquent, les déments en sont exclus conformément au principe général de droit musulman enseigné par le Prophète (PSL) : « Trois personnes sont réputées irresponsables : celui qui dort jusqu’à son réveil, l’enfant jusqu’à ce qu’il devienne pubère et le dément (le fou) jusqu’à ce qu’il retrouve la raison » (Rapporté par Abou Daoud et authentifié par Hakim).
  3. La puberté : la prière n’est obligatoire que pour les individus qui ont atteint la puberté. Par conséquent, elle ne pèse pas sur les enfants impubères. Toutefois, le Prophète (PSL) a fait cette recommandation aux parents : « Habituez vos enfants à la prière dès l’âge de sept ans ; à dix ans, frappez-les pour qu’ils prient et séparez les lits des garçons et filles » (Rapporté par Tirmizî).
  4. L’entrée du moment : la prière n’est obligatoire qu’à certains moments de la journée. Donc, avant son heure, elle n’est pas obligatoire d’où la nécessité de connaître les heures de prières et le régime des différents moments de la prière.
  5. La pureté après les menstrues ou lochies : la prière n’est pas une obligation qui pèse sur la femme en état de règles ou de lochies (suites de couches) et elle n’a pas à rattraper les prières non accomplies après le retour à la pureté.
    En d’autres termes, la prière n’est obligatoire que pour la femme qui est en état de pureté (voir Purification).

IV – Les conditions préalables à la validité de la prière

Une fois le caractère obligatoire de la prière établi, d’autres préalables doivent être attestés pour que la prière puisse prétendre à la validité. Ces conditions préalables sont au nombre de quatre :

  1. Il faut la pureté du corps, des vêtements et de notre environnement de prière (tahâratoul khabath). Mais il est également exigé que le musulman soit pur de toute souillure en cas de surveillance d’une des causes personnelles mettant l’individu en état d’impureté (tahâratoul hadath) et cela, par l’ablution mineure ou djapp ou l’ablution sèche par la terre ou tiime qui sont obligatoires en fonction des situations (voir Purification).
  2. La couverture des parties intimes (awra) conformément à cette règle coranique : « Ô enfants d’Adam ! Portez votre parure (vos habits) dans chaque lieu de prière » (Sourate Al-araf, verset 31). L’habit, c’est ce qui couvre l’intimité de la personne. Chez l’homme, c’est la partie située entre le nombril et ses genoux qui doit par conséquent être au moins couverte ; chez la femme, c’est tout son corps à l’exception du visage et de ses deux mains.
  3. La direction vers la qibla conformément à cette règle coranique : « Et d’où que tu sortes, tourne ton visage vers la Mosquée Sacrée. Et où que vous soyez tournez-y vos visages » (Sourate Al Baqarah, la vache, verset 150). C’est donc la direction de la Kaaba à la Mecque qui constitue due à la crainte (période de guerre), la maladie ou au voyage. Dans un hadith rapporté par Mouslim, le Prophète a enseigné que celui qui accomplit sa prière à dos d’animal (cheval, âne etc.) peut continuer sa prière alors même que l’animal change de direction en se détournant de temps à autre de la Kaaba.
  4. S’abstenir de la parole : celui qui se prépare à la prière doit cesser de parler avant et durant toute la prière. Dans un hadith, Zayd Ibn Arqam raconte que dans un premier temps, nous parlions durant la prière jusqu’à la révélation du verset « Et tenez-vous debout devant Allah avec humilité » (Sourate Al Baqarah, la vache, verset 238) et alors, le silence nous fut imposé et la parole interdite.

Fasse Allah que nous soyons parmi les connaisseurs dans la limite de nos capacités ; parmi ceux qui reconnaissent la grâce dont Il nous comble et sont conscients de Son Contrôle Permanent sur nous ; parmi ceux qui oeuvrent en prévision de l’Au-delà.

Fasse Le Bon Dieu répandre Sa Grâce infinie et Ses Bénédictions sur le meilleur des hommes qui ait jamais existé, le sceau des Prophètes Seydouna Mouhamed (PSL) jusqu’à la fin des temps (Amin).

Extraits traduits des enseignements en arabe et en wolof, sur l’islam et la tariqa tidjaniya, du guide spirituel Serigne El Hadj Madior CISSE, responsable de la dahira Moutahabina Fillahi et disciple de Khalifa Ababacar SY (RTA).